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Santé

Vente de CBD (infographie) – Enquête mystère en pharmacie et en magasin

La gamme de produits à base de cannabidiol (CBD) ne cesse de s’élargir. Mais le conseil en boutique spécialisée ou en pharmacie laisse à désirer, comme le montre notre enquête de terrain.

 

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Qu’il soit vendu en pharmacie ou en boutique spécialisée, le cannabidiol (CBD) fait tache d’huile. Ce composé issu principalement des fleurs de chanvre (aussi appelé cannabis) a même conquis les villages désertés par les bureaux de poste. Une popularité qui s’explique, en partie, par la promesse d’une alternative naturelle aux médicaments contre la douleur, l’anxiété ou les troubles du sommeil. Mais les personnes qui souhaitent acheter des produits à base de CBD sont-elles bien conseillées ? C’est ce que nous avons voulu vérifier avec l’aide des bénévoles des associations locales de l’UFC-Que Choisir (voir encadré). Premier constat : le conseil est radicalement différent selon le point de vente (boutique spécialisée ou pharmacie), bien que les huiles de CBD soient de très loin les produits les plus conseillés.

Attention aux interactions

Que l’on parle de santé ou de bien-être, un conseil de qualité est essentiel. Le CBD est naturel, mais cela ne signifie pas qu’il est anodin. Il inhibe des enzymes du foie, appelées cytochromes, qui aident à assimiler certains médicaments. Il peut ainsi agir sur l’efficacité des antiépileptiques, des anticoagulants ou encore des immunosuppresseurs. Par précaution, les syndicats du secteur déconseillent le CBD à celles et ceux qui suivent un traitement. Et pourtant, seulement 26 % des commerçants ont demandé à nos enquêteurs s’ils prenaient des médicaments et 16 % s’ils souffraient d’une maladie chronique.

Il est aussi important que le CBD ne soit pas vendu comme un remède illusoire : on dispose de peu de données sur son efficacité, hormis un petit effet sur l’anxiété et le sommeil. Malgré tout, 4 % des commerçants ont assuré à nos enquêteurs que la prise de CBD pouvait guérir leurs douleurs ou troubles du sommeil. En la matière, les pharmaciens se montrent plus prudents. À tel point que 35 % des officines visitées ne vendent pas de CBD – faute de preuves convaincantes et de produits jugés de qualité, ou par méconnaissance du cadre légal.

Un oubli essentiel

À l’inverse, les boutiques assument un rôle qu’on pourrait qualifier d’expert. Les vendeurs y dispensent plus de conseils sur la quantité et la durée de traitement nécessaire. 82 % conseillent une quantité précise contre 66 % dans les pharmacies. Il en va de même pour la durée du traitement : les boutiques conseillent plus volontiers une durée précise ou une prise ponctuelle, quand la majorité des pharmacies ne s’avancent pas sur ce sujet.

Enfin, une grosse moitié des vendeurs – en boutique comme en pharmacie – oublient une précision essentielle lorsqu’ils conseillent une tisane : il faut y ajouter un corps gras comme du lait ou de l’huile pour extraire le CBD. Sans cela, les consommateurs paient cher pour une simple tisane.

Comment nous avons procédé

Entre les 4 et 18 juin 2022, les enquêteurs de 73 associations locales de l’UFC-Que Choisir ont visité 824 pharmacies et 196 boutiques spécialisées dans la vente de CBD, et couvert 53 départements. Pour évaluer le discours de vente, ils ont choisi entre deux scénarios :

  • 57 % ont prétendu souffrir de douleurs articulaires et souhaiter une méthode non médicamenteuse ;
  • 43 % ont dit souffrir de troubles du sommeil et ne pas vouloir de somnifères.

Audrey Vaugrente

Marine Perier-Dulhoste