Intervention en Vendée de Alain Bazot, président UFC Que Choisir, le 24 mars 2023
Lors du cinquantenaire d’UFC Que Choisir Vendée, le conseil d’administration avait invité le Président national d’UFC pour cette assemblée générale qui s’est déroulée le vendredi 24 mars 2023 sur la thématique : «Consommateur responsable et pouvoir d’achat».
En préambule, Alain BAZOT a resitué l’impact que le grand public accorde aux différentes missions exercées par UFC. Toutefois, il ne faut pas ignorer un certain déficit de notoriété auprès des 30-60 ans.
Vers une consommation responsable pour démasquer l’offre pléthorique
Depuis un an, l’inflation sur les produits alimentaires progresse régulièrement et atteint des sommets obligeant les consommateurs à s’adapter face à cette situation exceptionnelle qui grève de plus en plus leurs budgets. En aucun cas, il convient d’accuser le consommateur qui recherche des adaptations pour tenter de responsabiliser sa consommation en effectuant des choix dont les impacts concernent la santé, l’environnement et le social. Ceci passe inéluctablement par consommer mieux voire moins sans occulter les besoins vitaux.
Le consommateur se trouve face à des industriels qui proposent toujours de nouveaux produits élaborés aux qualités nutritionnelles plus ou moins conformes avec la santé et des distributeurs qui offrent une large gamme de produits dont les prix fluctuent volontairement. Il suffit de prendre le cas des fraises en mars 2023 : les distributeurs proposent un produit espagnol à bon marché servant de produit d’appel et volontairement vendent la fraise française nettement plus chère pour obtenir une marge.
Comme les professionnels vivent cachés et proposent une offre pléthorique, il apparaît indispensable d’imposer de l’information fiable, indépendante et compréhensible.
Des outils imparfaits à disposition pour aider dans les choix
On assiste à un franco blanchissement (Made in France) de nombreux produits et l’absence de réglementation en la matière induit le consommateur en erreur. Toutefois, il rappelle qu’ UFC Que Choisir n’a jamais dit « acheter français » mais nous avons tous le droit à l’information sur cette thématique afin de connaître les vraies origines des composants de ces produits. Comme le souligne Alain BAZOT : « c’est un combat à mener ».
Le Nutriscore informe sur la qualité nutritionnelle des aliments fabriqués et ceci permet au consommateur de choisir en tenant compte de cette information : exemple du Nutella qui a souvent été considéré comme un bon produit pour la santé. L’application gratuite « quelproduit » est un outil d’information indispensable et rapide.
L’éco-score indicateur donnant des informations sur le volet écologique présente des lacunes car il ne permet pas de différencier les produits issus de l’agriculture biologique de ceux en provenance du conventionnel. Au sein de la viande, il s’avère impossible de distinguer le bio des OGM.
Comme le rappelle Monsieur BAZOT, « on va rater le coche ».
L’indice de réparabilité pour l’électroménager demeure une aberration car il repose sur 5 paramètres ayant la même pondération et fausse le jugement du consommateur.
Derrière la notion du pouvoir d’achat des aberrations plus ou moins importantes
Face à la situation actuelle, on peut distinguer 3 catégories de consommateurs :
• les inconditionnels du responsable concernent une couche de la société aisée que l’on peut qualifier de bobo parisien donnant éventuellement des leçons
• les consommateurs n’ayant pas d’argent sont les premières victimes de cette inflation et recherchent le plus souvent des produits basiques
• les consommateurs aspirant à consommer différemment pour des raisons de santé, d’environnement…
On assiste, certes, à une réduction de la consommation subie. Mais l’Etat, avec son panier inflation, a une responsabilité en privilégiant les produits des marques distributeurs. Par ailleurs, il convient de se mémoriser que lors de l’instauration de la loi Egalim 1 concernant le seuil de vente, le gouvernement a fait voter la marge obligatoire du distributeur d’au moins +10%. Cette marge devait permettre de mieux rémunérer les producteurs…Aujourd’hui, le consommateur en est victime.
Alain BAZOT, lors de cette intervention, a insisté sur la nécessité de poursuivre le combat pour que le consommateur puisse s’y retrouver dans cette jungle. Comme il l’a bien rappelé, les pouvoirs publics ont une part de responsabilité dans cette situation et chacun connaît l’impact des lobbies sur les décisions.