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Energie

TRANSPORTS LOCAUX : L’HYDROGENE EST-IL UNE BONNE SOLUTION ?

Transports locaux : L’hydrogène est-il une bonne solution ?

Grâce à notre publication trimestrielle, nous vous fournissons des informations sur des thématiques locales et nationales liées à la consommation. La Vendée, avec son dynamisme et son esprit d’innovation, ne cesse d’explorer de nouvelles voies, notamment dans le secteur de l’énergie.

Le département de la Vendée, en collaboration avec les collectivités locales, a lancé un programme ambitieux d’utilisation de l’hydrogène. Dans ce contexte, nous souhaitions faire le point avec le Syndicat Départemental d’Énergies et d’Équipement de la Vendée (SYDEV) pour obtenir des informations en vue de rédiger un article sur ce sujet local. L’importance de la communication et le volume significatif des investissements réalisés par le département et les collectivités locales de Vendée, de l’argent public, nous ont amenés à nous interroger sur la pertinence de ces choix. La route solaire avait été également initiée par le département  mais sans résultat.

Notre demande porte plus particulièrement sur les points suivants :

  • Les résultats techniques obtenus
  • Le bilan énergétique global
  • Le bilan financier
  • Le contrat avec la société Lhyfe (Startup Nantaise spécialisée dans la production d’hydrogène vert)
  • Les perspectives de développement

N’ayant pas reçu de réponse du SYDEV malgré une relance, nous avons décidé de publier nos interrogations, dans l’espoir d’obtenir des éclaircissements. D’autant plus que dans son rapport du 5 février 2021 sur l’activité du SYDEV, la Chambre régionale des comptes a mis en garde Vendée Énergie au sujet de ses investissements dans le projet de production d’hydrogène vert. (La chambre alertait sur l’importance des sommes investies par le SYDEV dans Vendée Hydrogène) (2)

Contexte :
Le département de la Vendée, propriétaire de trois éoliennes du parc de Bouin (qui en compte huit), a conclu un accord avec la société Lhyfe dont le siège social est basé à , laquelle souhaitait produire de l’hydrogène à partir d’électricité verte. Nous ne connaissons pas le contenu précis de cet accord. Toutefois, il est établi que ces trois éoliennes produisent 15 000 MWh par an (Rapport d’activité SYDEV Vendée Energie 2020), auparavant vendus à EDF au tarif de 90 euros par MWh jusqu’à leur transfert à Lhyfe. L’usine de Lhyfe dispose d’une capacité de production de 300 à 1 000 kg d’hydrogène par jour.

Questions :

  • Comment les éoliennes sont-elles raccordées à Lhyfe ? Directement ou via le réseau Enedis ?
  • Comment est assurée la production d’hydrogène en l’absence de vent ?
  • L’électricité est-elle cédée gratuitement à Lhyfe ? Sinon, quel est le tarif de vente ?

Suite à cette production, les villes de La Roche-sur-Yon et des Sables-d’Olonne ont investi dans l’achat de bus à hydrogène et dans la construction de stations multi-énergies : deux bus et une station par ville.

Des investissements pour quoi faire ?
Est-il judicieux de continuer à investir dans des bus à hydrogène ? Les faits récents et l’actualité nous permettent d’en douter :

  • De multiples études comparatives montrent qu’un bus à hydrogène consomme trois fois plus d’électricité qu’un bus électrique à batteries (1).
  • Fin 2023, la ville de Pau, pionnière en la matière avec huit bus mis en service en 2019 et quatre en 2023, a décidé de ne plus investir dans l’hydrogène mais dans les bus électriques à batteries. De même, la ville de Montpellier, qui prévoyait d’acquérir 51 bus à hydrogène en 2023, a finalement opté pour des bus électriques à batteries.
  • Selon Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole de Montpellier déléguée au Transport et aux Mobilités actives, « Le coût d’exploitation d’un parc de bus hydrogène serait de 3 millions d’euros par an contre 500 000 euros pour des bus électriques. Soit 0,15 euro par km en électrique contre 0,95 euro pour l’hydrogène. »

De plus, l’investissement dans une station de distribution pour l’hydrogène est conséquent. Par exemple, celle des Sables-d’Olonne a coûté 4,4 millions d’euros (dont 950 000 euros financés par l’agglomération), même si elle distribue aussi du gaz et de l’électricité. Cependant, elle reste peu utilisée.

Énergies locales ou greenwashing ? Selon le SYDEV, l’hydrogène vert est produit par Lhyfe à Bouin. Cette installation alimentée par les trois éoliennes, produit 200 kg d’hydrogène par jour, ce qui laisse supposer que si la demande dépasse cette quantité, Lhyfe utilise de l’électricité provenant du réseau Enedis,

À la station multi-énergies des Sables-d’Olonne, on affiche « Électricité verte », expliquant que celle-ci provient de centrales photovoltaïques situées sur d’anciens centres d’enfouissement de déchets, en toitures et sur ombrières de parkings. Pourtant, aucun panneau photovoltaïque n’est visible à proximité de la station. L’électricité fournie par cette station provient donc sans doute du réseau Enedis, sans être plus verte que celle consommée par les particuliers de la région (3).

Vents contraires ? : Le marché mondial des véhicules à hydrogène (FCEV) continue de montrer des signes de ralentissement. Au premier semestre 2024, les ventes ont diminué de 34 % par rapport à l’année précédente.(Publication du site web https://www.h2-mobile.fr/ du 17/08/2024)

La CATP (Centrale d’Achat du Transport Public) a mis à jour son étude comparative sur les différentes technologies pour les bus le 15 mai 2024. Le bus à hydrogène, considéré comme un marché de niche, affiche un coût total de possession (TCO) 40 % plus élevé que celui des bus électriques à batteries.

Il faut aussi noté que la société Van Hool, qui a équipé 35 des 58 bus en circulation en France en mai 2024, vient d’être placée en redressement judiciaire.

Comme de l’argent public a été investi dans cette opération, il nous apparaissait important d’apporter quelques points de réflexion sur ce projet. Pour chaque innovation, il appartient d’en établir un bilan global et non de ne parler que de la partie positive ; c’est-à-dire aucun rejet lors de la combustion.

Notes :
(1) Le Pays Yonnais 25-02-2021 – https://actu.fr/economie/la-chambre-des-comptes-met-en-garde-vendee-energie-sur-ses-investissements-sur-l-hydrogene
(2) Selon le diagramme de Sankey, il faut 58,7 kWh pour produire 1 kg d’hydrogène qui, après électrolyse, compression, transport et diverses pertes, ne produira que 13,4 kWh d’électricité.
(3) Vraisemblablement le fournisseur d’électricité utilise des certificats vert, pratique maintes fois dénoncée par l’UFC-Que Choisir comme du Greenwashing

UFC que choisir de Vendée – Septembre 2024